On ne peut aborder une partition sans prendre d’abord connaissance de son caractère.
Alfred Brendel dans une conférence qu’il donna en novembre 2002 disait : « On peut découvrir le caractère fondamental d’un mouvement dès les premières mesures ou les premiers systèmes« .
Toute exécution musicale est un voyage. Il s’agit d’un itinéraire au centre des sons, des nuances, des tonalités avec des moments de détentes et de tensions, des moments d’assises et de suspensions. Ce voyage va conditionner notre approche physique du morceau. Pour créer des sensations, il faut effectuer tout un travail de réflexion sur le matériau musical.
Apprendre par cœur pour mieux se détacher de la partition, et mieux la respirer. C’est ma méthode mais je sais que beaucoup y arrivent en gardant un œil sur la partition. Bien apprendre main séparées pour comprendre ce que chaque main, chaque doigt va jouer et comment il va appuyer. Le bon doigté est ainsi nécessaire car il prépare le doigté et le touché suivant. Si vous avez donné l’habitude à votre 3e doigt d’appuyer et au second d’alléger, cela va s’ancrer dans votre mémoire. Si vous vous trompez, n’allez pas croire que le touché sera bon.
Les compositions expriment des humeurs qu’il faut savoir transmettre. C’est cette humeur qui va faire chanter votre piano en faisant danser vos mains sur le clavier. « Venue du cœur, puisse-t-elle aller au cœur » disait Beethoven
Il faut donc se plonger dans l’atmosphère du songe que l’on va vivre et le raconter. Daniel Barenboïm dans « La musique éveille le temps » dit: « L’interprète doit créer sa propre réalisation physique de la partition – un terme que je préfère au nom galvaudé d’interprétation« .
Imprégnez-vous de l’émotion contenu dans chaque note. Sentez les contraste, les apaisements en passant d’une note mineur en note majeur. N’alourdissez pas alors votre jeu. au contraire sentez la fin de la tempête et le soleil revenir. Sentez l’éclaircie.
Sentez le phrasé. Où commence-t-il? Sur quelle note de la mesure suivante prend-t-il fin? S’il commence sur un silence, sentez ce silence et la pulsation intérieurement et prenez la note au vol. Le départ est alors le silence.
Evitez d’alourdir les notes de passages.
Ne vous contentez pas de plaquer des accords.
Jouez en boucle les mesures les unes après les autres. C’est important et nécessaire. Cette répétition est la base d’une interprétation libre et inspirée. Dans « La musique éveille le temps » l’auteur poursuit par : « La structure de l’œuvre doit être si intériorisée dans l’esprit du musicien que la pensée intellectuelle n’est plus nécessaire quand il joue ; il peut être sûr que ses impulsions spontanées viendront de sa profonde connaissance de l’œuvre, et non d’un caprice personnel« .
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