Lorsque Debussy (1862-1918 ) est petit, c’est l’époque de la commune de Paris qui dura 72 jours (1871). Debussy a moins d’une dizaine d’années. A ce moment il séjourne dans le midi avec sa mère et ses frères et soeurs pendant que son père est sur les barricades, à Paris. Très engagé, il finit par se retrouver en prison avec un camarade qui s’appelle Charles de Sivry. Charles est de Montmartre, il est musicien, pianiste, compositeur et chef d’orchestre. Sa mère est pianiste également et fut l’élève de Chopin.
Se liant d’amitié, Charles promet à Achille, le père de Claude Debussy, qu’à leur sortie de prison il demandera à sa mère de donner des cours gratuit à Claude. Chose promise, chose due, Claude Debussy commence le piano avec la mère de Sivry qui lui trouve de très bonnes dispositions au piano. Debussy dira d’elle, qu’elle l’a jeté dans le Bach auquel elle savait donné vie. En effet sa rock du Bach et sa jazz du Bach.
Debussy commence les cours et il est si doué que sa prof, miss Mauté, le recommande au conservatoire, où il est admis 30e sur 160 candidats.
Oui mais Debussy a toujours connu une certaine liberté. Sa mère lui donne des cours privé pour l’école, il a des cours particulier de piano et d’un coup, le voilà lancé dans la Bach du conce. Très indiscipliné, le petit Claude a beaucoup de mal et se plier aux exigences du conservatoire, à ses règles. Il faut jouer ainsi et non comme cela. On l’enferme dans un formatage qui lui déplait. Mais si je veux faire autrement ? Qu’est-ce qui m’en empêche et pourquoi ? Pourquoi ne pas sortir des sentiers battus?
Les rebelles on n’aime pas cela. Il faut rester sur le chemin. Comme pour les peintres qui n’ont pas le droit de sortir de l’académisme, d’où à la même époque, la création des Salons des Refusés. Chaque années il y a des salons académiques qui reçoivent les peintres et qui diffusent leurs oeuvres. C’est même le seul moyen de vivre de son art. Mais voilà, le coût c’est de peindre le conformisme. Nous n’en somme pas à la liberté des Hollandais. Il faut rester dans un certain classicisme, se plier aux exigences des thèmes et sujets demandés… Ce qui déplait à certains peintres qui sont alors refusés des Salons.
Qu’à cela ne tienne, ils créeront alors les salons des refusés. Ce qui marquera la fin des Salons et Académies comme seul couloir de diffusion des oeuvres d’art. Cela commencera dès 1845 lorsque Gustave Courbet est refusé, provoquant la colère de Baudelaire.
Debussy a ainsi du mal à se plier au conformisme et il a bien raison. Car sans ces pianistes qui sortent des clous, la musique n’aurait pas évolué, ni emprunté des chemins de rhizomes qui nous apportent tant de nouveautés.
Une fois toute les règles apprises, comme Picasso, il jette le tout, oublie ce qu’il a appris et réinvente la musique. Il la transforme en gamme par ton, en une ode sonore, une onde aquatique, une risée impressionniste.
Debussy a tendance à dire que les musiciens coupent la musique en morceau, comme on coupe un poulet. Pour lui elle doit suivre une ondulation d’un seul trait. Comme ce que l’on retrouve dans l’arabesque nr1. par exemple.
Debussy est mon pianiste préféré. Il marque son temps et la transition avec le ragtime, le jazz, même si JSBach est un grand jazz man.
Pour sa fille Chouchou, Claude composera Children’s Corner dont est issu Golliwog’s Cake-walk. Le Golliwog’s Cake-walk est une danse noir américaine inventé par les esclaves africains à partir d’une danse française inventé en 1794 : » le quadrille des tuileries ». Cette danse sera reprise par les musiciens africains, ce qui donnera naissance au rag time puis au jazz. Les chorégraphies inventées à partir du quadrille sont interprétées pour caricaturer les danses de quadrille dansées par l’aristocratie. Cette dernière se régale des danses et des rythmes et offre un cake au vainqueur de la meilleure choré. Chorégraphie que l’on nomme alors le Cake-walk.
A la même époque l’on crée des poupées africaines, des poupées de chiffons noirs aux cheveux crépus.
Par ailleurs une personne handicapée par un problème à la jambe se met à danser dans la rue, comme elle peut. Cela donné un air chaloupé, une cadence syncopée à son rythme unijambiste. Remarqué par un passant qui est aussi acteur, cela lui donne l’idée d’inventer une danse et un personnage qu’il nomme le « Blackface ». De cette danse naîtra le « Minstrel », l’ancêtre des comédies musicales joué par des blancs qui se déguisent en noir en sa maquillant la visage de cirage. Le publique crée alors le « Congo square » un lieu où l’on danse des rythmes africains que l’on mélangera à l’harmonie française.
La marche du cake est lancé. La marche du cake de Golliwog. Debussy écrira alors quelques notes qui sonnent un air de Rag-time.
La musique traverse l’Atlantique. De France elle part vers l’Ouest, trouve son nouveau rythme pour donner naissance au jazz, se mélange aux rythmes africains, puis retraverse l’Atlantique vers l’Est et se mélange de nouveau aux harmonies françaises.
Je vous invite aussi à lire « Novecento pianiste » de Barrico; le pianiste qui demeure à bord et traverse l’Atlantique comme l’on joue des gammes ou arpèges d’octaves en octaves d’un bout à l’autre du piano en faisant la traversée le Havre – New York, New York – le Havre. Et où les rythmes de danses se mélangent aux rythmes des cultures et du rythme de la mer et de ses vagues, dansant au rythme du chef d’orchestre le vent et ses nuages.
Laisser un commentaire