un jour je réaliserai mon rêve : devenir pianiste

Je voulais vous raconter l’histoire d’une petite fille qui rêvait de jouer du piano. Une année, alors qu’elle était en vacance avec ses parents, les personnes qui leur louaient un petite maison en bord de mer avaient un piano. La petite fille était émerveillée par l’instrument, et ses touches noires et blanches. Elle voulait appuyer sur les touches, mais son père le lui a interdit de peur qu’elle ne casse le beau piano ancien.

Alors en rentrant, elle demande à avoir un piano. On lui dit à noël. Mais le père noël n’en avait plus en stock. Ou son père estimait que sa moyenne n’était pas correcte. « Tu peux faire mieux en calcul ». Quand tu auras 18, tu auras ton piano. Le piano sera ta récompense.

Il ne remarque pas que sa fille a des difficultés et que seul le piano pourrait la sauver. Ce n’est pas parce qu’elle fait du piano qu’elle sera pianiste professionnelle, ou prof. Elle en a besoin pour se construire.

A force d’insister, quelques années, son père lui acheta un orgue pour enfant. C’était déjà ça. Elle prit ses livres-disques avec les cantines, étudia la méthode pour comprendre les notes. Les chansons qu’elle connait bien, elle les retrouvait facilement à l’oreille, les autres c’était un peu plus laborieux sans connaitre le temps des notes.

Sa grand-mère insista pour que le père de la petite fille lui paye des leçons de piano. Mais le père semblait le prendre bizarrement.

Des années plus tard, elle compris que la seule chose que son père aurait aimé faire dans la vie c’était être pianiste.

A l’internat où il était, il y avait un piano et lui aussi rêvait d’apprendre à jouer. Mais sa mère ne voulait pas. Pas d’argent. C’est trop cher. Mais c’était-elle seulement renseigné. Pas sûre.

Dans l’imaginaire, le piano c’est cher.

Elle aussi voulait jouer mais sa mère ne voulait pas. Qui elle-même aurait aimé jouer, mais en 1900, orpheline…

Alors de génération en génération, on interdit d’apprendre à jouer du piano, prétextant que c’est trop cher. Et puis il y a un violon à la maison. La grand mère de la petite fille joue du violon, mais elle ne l’entendra jamais jouer de cet instrument. La grand-mère força son fils à apprendre le violon, mais ce n’était pas son instrument. Lui, il voulait jouer du piano. « On a un violon, alors tu joueras du violon »

Finalement la petite fille grandit et son père lui dit : ok, je te paye un an de cours de piano et si tu réussis l’année, je t’achète un piano.

La petite fille commença les cours, réussit l’année, mais le piano n’arriva pas. « On verra à la rentrée prochaine ». La rentrée arriva, elle s’inscrit en 2e année. Mais son père lui dit la même chose: « réussit ta 2e année et alors je t’achèterai un piano ».

Au bout de quelques leçons le travail se durcit, apprentissage du touché piano et des modulations, la pédale, davantage d’octaves.

Elle dit à son père « l’orgue à deux octaves et demie ne me suffit plus « 

« Eh bien travaille ta main gauche et ta main droite séparées et au cours tu travailles les deux mains ensembles. Ton prof t’a bien dit qu’il faut travailler les mains séparées.  »

« Oui, mais ça c’est assez simple ! Le plus difficile c’est de travailler les deux mains ensembles, d’apprendre l’indépendance des mains. De plus sur l’orgue, la note reste en continue sans avoir besoin d’appuyer. Je ne peux pas apprendre à travailler legato, forté, piano. J’arrive pas à m’entrainer correctement. Et il n’y a pas de pédale »

Son père lui rétorque « plus tard, plus tard, plus tard. Réussit ton année… plus tard, plus tard, plus tard…. réussit ton année ….

Le prof s’énerve contre cette petite fille qui semble ne pas aimé le piano ou ne jamais travailler à la maison, mais elle n’ose pas dire qu’elle n’a pas de piano.

Alors le prof finis par deviner. « Tu as un piano chez toi ? »

« Non » dit elle tristement.

« Alors je comprends mieux. Désolée mais cette année tu ne pourras pas passer l’examen de fin d’année. C’est pas possible. Reviens quand tu auras un piano »

Le coeur serré elle rentre chez elle.

Son père, tout fier, lui dit avec un grand sourire : »alors tu vas passer l’examen bientôt, tu es prête ?

« Je ne peux pas le passer, je n’ai pas pu travailler correctement. »

Son père est à table, ce met à renifler, comme s’il retenait des larmes.

La petite fille le dévisage. Ou plutôt la jeune ados, car elle à 15 ans maintenant.

Sa mère lui dit, « tu auras un piano à la rentrée prochaine ».

La rentrée arriva, mais sans le piano.

Son père lui dit à nouveau; » inscrit toi et commence l’année, je vais te l’acheter dans le courant de l’année. »

La petite fille démotivée ne s’inscrit pas. Elle n’eut plus jamais confiance en ses parents, ni en l’être humain, ni en elle.

Elle continua le collège, le lycée, tristement en voyant les autres filles progresser au piano, jouer des 4 mains.

Alors elle économisa un synthé pour reprendre, quelques années plus tard. Elle acheta la méthode jazz et commença toute seule à déchiffrer les rythmes.

Elle alla à Paris. S’inscrit à une école d’art dramatique, puis entama des études d’arts plastiques. Mais surtout, à 20 ans, en commençant à étudier le chinois mandarin parce que le cours de théâtre était dans le quartier chinois, elle fit aussi la connaissance d’étudiants et étudiantes qui maitrisaient le piano. Alors elle demanda aux uns et autres de l’accompagner pour s’acheter un piano. »Oui oui sans soucis, quand j’aurais le temps. » Mais le temps ne fut jamais acquis. La temps n’arriva jamais. Alors, elle alla seule au magasin qu’elle longeait touts les jours, rue des Ecoles.

Personne ne voulait lui louer un piano car elle n’avait pas de revenue fixes. Mais la vendeuse lui proposa un contrat location-vente et lui fit confiance. Elle pris un crédit de 4 ans, en prenant la location-vente la moins onéreuse et le piano qui va avec. La vendeuse joua sur le piano. Le son lui plut. Le beau piano blanc qui finit par jaunir à cause d’un rideau orange et de la lune, arriva chez elle.

Bon trouver des cours de jazz maintenant.

« Bonjour, j’aimerais apprendre à jouer du jazz »

« Vous avez avez déjà fait 10 ans de classique ?

« Non »

« ah bah c’est pas possible, il faut d’abord faire 10 ans de classique » C’est impossible de jouer du jazz sans cette étape. »

Qu’à cela ne tienne, elle trouvera bien. Elle ne va pas perdre 10 ans de sa vie pour apprendre à jouer du jazz. Elle en parle autour d’elle. On lui dit « mais n’importe quoi, mon neveu fait les deux, il joue aussi bien du jazz que du classique et il a 9 ans. »

Quelques mois passent, et une personne lui dit : » ah oui c’est vrai il faut que je trouve une après-midi pour t’accompagner au magasin de piano »

« Oh je ne t’ai pas attendu tu sais. Au bout de 3 semaines, j’y suis allée toute seule. Il est à la maison le piano. »

Elle vint voir le piano. « Oh il est nulle ton piano. c’est un piano d’étude que tu as acheté. »

« Bon, si c’est pour critiquer, c’est pas la peine. »

« Tu as acheté un piano scolaire, il n’a pas un bon son »

Un prof de piano lui dit le contraire. « Ah non au contraire, il est très doux. Pourquoi tu veux en changer ? » Même l’accordeur lui dit qu’il a un bon son. « Evidemment ce n’est pas un Bösendorfer, ni un Steinway, mais le son est bon. Comparé à un Yamaha clinquant, le tiens est bien. Je déteste le Yamaha. »

Des goûts et des couleurs dirait Kant. …. on ne saurait débattre, ne confondons pas le beau et l’agréable. Le son est beau, le son est agréable. Le jugement du goût est arbitraire. Il y a ce que tout le monde doit aimer, et ce qui reste libre. Le goût pure, le goût appliqué, les beautés libres, les beautés adhérentes.

Elle finit pas trouver un prof de jazz. Puis un autre prof de jazz qui lui permis de prendre son envol. Il lui transmis son savoir.

Avec le temps elle eut envie d’en savoir un peu plus sur le classique et fit une formation de piano classique avec deux autres profs.

Quand elle retrait chez son père, il n’y avait toujours pas de piano.

Un jour qu’il fit une très mauvaise chute, elle dut rester 5 mois avec lui. Elle lui dit, je ne peux pas répéter, sans piano. Il faut que j’en achète un.

« tu as le tien chez toi »

« oui mais à 800km »

« Ok, je t’offre un synthé parce que tu t’occupes de moi » mais pas plus de 500€ . Tu devrais trouver à 300€ non ? »

« Mais un piano, ne serait-ce que numérique serait mieux. Il y en a pour 1500€ »

« NON »

Son père dit non, mais pense oui. Comme d’habitude. Il faut franchir la barre et l’écueil. Forcer les choses, même si il grogne. Après il fait ses crises de tristesse. Mais elle n’osa pas imposer un piano. Il n’aurait pas aimé qu’elle dépense son argent. Déjà quand elle achetait des fruits et des légumes pour sortir des plats surgelés : » Non mais tu ne vas pas me payer le couvert, non. » sur une ton taiseux.

Elle trouva finalement un synthé avec touché piano. Un Yamaha. mais comme d’habitude il manqua une octave pour travailler Debussy. forcément en dessous de 1000€.

Oui je sais, travaille tes mains séparées.

Son père veut apprendre, il lui demande des explications.

« c’est où le DO » ? J’aurai tant aimé savoir jouer. Mais ma mère me disait non à tout. »

Mais ça ne dure pas quand il joue, qu’il tente d’apprendre.

« Ca me fait mal au dos »

« Forcément on a un synthé sans le trépied. Sur la table, il est trop haut. Moi aussi ça me déglingue le dos de jouer comme ça »

Quand il l’écoute jouer, à chaque fois qu’elle vient lui rendre visite, il lui dit : » c’est ce qui me manque le plus quand tu pars, t’écouter jouer. Reviens vivre à la maison. Je te fais de la place pour que tu ramènes ton piano. Tu as une maison ici. Pourquoi tu as quitté la maison pour le bord de mer ? Ici aussi tu es chez toi.

Sa possessivité devient insupportable.  » Il n’y a pas la mer ici. J’aime naviguer. Je me sens bien que la-bas. » Cela est un choque pour son père qui fait une poussée de tension. « Pourquoi si loin? » Sa grand mère lui dit la même chose « Pourquoi si loin ? On a des fleuves ici ! Tu n’avais qu’à rester ici, et on resterai ensemble toujours. Si tu veux vivre au bord de l’eau va auprès du fleuve ! »

Ah le schéma familial , difficile de s’en affranchir. A force de ces plaintes sa soeur la rejette. « Tu es sans enfants et célibataire , tu peux bien rester. Tu es la plus diplômée de la famille. Avec ton doctorat tu es forte, moi je suis seule avec mon conjoint et ma fille. A toi de gérer. »

Dans sa famille, ils ont tous du mal à quitter les parents. Il y en a toujours un qui reste à la maison à vie.

« Si cela ne tenait qu’à moi tu ne serais jamais partie et tu resterais toujours avec moi. » Lui dit son père un jour en colère. « Je ne veux plus voir ta mère, mais toi tu restes. « 

Puis il s’agace en la voyant jouer, « oh lala faut que tu croises les mains. »

« oh lala mais tu va avoir les doigts déformés ! regarde ce pianiste à la télé, regarde ses mains et ses doigts tordu. »

Puis, elle l’entend s’énerver dans la salon : » La seule que j’aurai aimé faire, je n’ai pas eu le droit ! « Et elle l’entend jeter quelque chose au sol pour calmer sa colère, son amertume, sa tristesse.

Pourquoi abandonner son rêve ?

Pourquoi est-ce si difficile de ne pas réaliser son rêve ?

Puis il est mort, sans avoir su jouer.

S’il vous plait, si vos enfants veulent jouer, ne leur interdisaient pas. Il y a toujours des solutions !

Ne leur interdisaient pas parce que vous n’avez pas réalisé votre rêve.

Ne les forcez pas non plus si ils veulent faire de la harpe.

Ne vous interdisez pas de jouer du piano, de réaliser votre rêve. Ne vous l’interdisez pas sous prétexte que peu-être ce n’était qu’un caprice d’enfant et qu’au bout de quelques leçons cela vous aurait peut être ennuyé. N’abandonnez pas. Ne vous mettez pas de bâton dans les roues en trouvant cela compliqué d’acheter ou de louer un piano. En ayant peur de perdre de l’argent avec votre cerveau qui vous interdit de réaliser votre rêve. Et si au final cela ne me plait pas ? Et si au final ce rêve n’est qu’un mirage? Et si au final je ne suis pas douée. Alors je vais acheter le moins cher et le son le plus pourri, sur internet sans voir en vrai, parce que si cela ne me plait pas.

Là c’est vous qui vous empêchez de vous faire plaisir. Et qui cherchez des prétextes. Si vous avez la flemme avant de commencer.

Oui, jouer du piano, cela demande du temps, de la régularité, de la patience, contrer ses démotivations, cela demande des efforts, c’est parfois laborieux. Mais comme dit Antoine Hervé, on est sur un chemin, on avance.

Moi je dis que l’on fait des escales. Chaque partition est un voyage dans la langue du pianiste, du compositeur. Parfois il y a du vent, parfois pas. Parfois il faut rester longtemps sur une mesure avant d’attaquer la suivante. Puis on en réussit 5 d’un coup.

Mais quelle joie de savoir jouer ces deux mesures.

Ne mourrez pas sans réaliser votre rêve et vous vivrez plus longtemps, sans être aigrie.

Ne vous découragez pas.





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